Depuis la fusillade de Littleton (Etats-Unis), le 20 avril 1999, la détention d’armes à feu par les civils a fait couler beaucoup d’encre et de larmes, et pas seulement outre-Atlantique.
En Belgique, pas moins de deux millions d’armes seraient détenues par les civils, dont la moitié ne sont pas déclarées. Nous entrons peut-être dans un cercle vicieux, où la présence d’armes aggrave l’insécurité, et où cette dernière engendre elle-même une augmentation de la demande en armes…
Aux Etats-Unis et au Canada, plusieurs études mettent en évidence un lien de causalité entre la disponibilité des armes à feu et le taux de mortalité et de morbidité par homicide, suicide ou accident. En Europe, la grande majorité des décès par armes à feu sont des suicides. Dans de nombreux cas, la présence d’une arme à feu à un moment critique est déterminante : suicides non prémédités chez des adolescents en crise, ou sous l’influence de substances psychotropes. Une grande part des décès pourrait donc être évitée.
Mais la prise de conscience tarde à se faire, d’autant plus qu’en Europe, il existe très peu de statistiques sur le taux réel de possession d’armes : en l’absence d’une harmonisation des législations sur les exportations, les armes voyagent. Un phénomène incontrôlable qui s’est accentué avec la chute du mur de Berlin.
Les conséquences de l'usage des armes à feu doivent aussi être envisagées sous l’angle du coût économique : les traumatismes par arme représentent sans conteste un coût énorme pour la santé publique. Cependant, on ignore à quel point, car là encore les statistiques font défaut. Une meilleure maîtrise des données du problème doit aller de pair avec un renforcement du contrôle des armes à feu. Mais il faut aussi chercher, aux niveau européen et international, une harmonisation des différentes législations.