L’expression « politique étrangère » est plutôt optimiste. La crise irakienne a démontré, une fois de plus, que lorsqu’elle se trouve face aux dossiers internationaux qui comptent, c’est à dire face à ces enjeux qui influencent l’avenir du monde, l’Europe n’a pas de politique étrangère. La France a son agenda, la Grande Bretagne possède le sien, l’Allemagne de même, mais l’Union européenne en tant que telle non. Les stratégies des pays membres peuvent bien-sûr se rencontrer et se coordonner, comme elles peuvent se contredire et s’opposer, mais jamais elles ne forment une politique au singulier. L’Union européenne, puissance économique unifiée qui pèse lourd dans le monde, a de nombreuses, petites et fières politiques étrangères ne font pas le poids.
Cependant, depuis déjà plusieurs années, l’Europe a réussi à développer une projection extérieure commune qu’il serait injuste de nier. Disons que si elle ne dispose pas d’une véritable politique unitaire et cohérente face aux grands défis internationaux, l’UE propose néanmoins des actions extérieures et des mécanismes de coopération dispersés parmi ses institutions. D’où un problème de cohérence, de coordination et donc une nécessité d’approfondissement du processus d’intégration européenne à laquelle le nouveau traité constitutionnel est appelé à répondre.
Après avoir passé en revue brièvement la structure actuelle de la politique extérieure de l’UE, la présente note d’analyse illustrera le problème de la cohérence par l’exemple concret du Rwanda, pour se pencher ensuite sur les réformes institutionnelles proposées par la Constitution en matière de relations étrangères.