Au cours de ces dernières années, plusieurs « faits divers » sensationnels liés à la détention d’armes à feu par des civils ont défrayé la chronique : Etats-Unis, Grande-Bretagne, Canada, Australie, France, Suisse… Le sujet est ainsi devenu d’une actualité brûlante, débouchant dans une série de pays sur des initiatives visant à mieux réglementer et à contrôler la détention d’armes.
Les armes à feu constituent un problème global en matière de santé publique. Elles représentent un facteur important de mortalité : selon une étude des Nations unies, International Study on Firearm Regulation, 30 pays ont répertorié plus de 200.000 décès par an (homicides, accidents et suicides). Aux Etats-Unis, 71% des homicides et 61% des suicides sont liés aux armes à feu.
Si la tendance se confirme, les décès liés aux armes à feu seront la première cause de mort vio-lente dans le monde dès 2003. Plusieurs études tendent à démontrer que la disponibilité des armes à feu influence de manière importante les taux de mortalité par homicide, suicide ou accident. En Eu-rope, la grande majorité des décès par arme à feu sont des suicides. Dans de nombreux cas, la présen-ce d’une arme à feu à un moment critique est déter-minante : ces décès pourraient donc être évités.
Outre les répercussions psychosociales des traumatismes par arme à feu, le coût médical est énorme. Les soins apportés aux lésions par armes à feu sont deux fois plus onéreux que ceux concernant les autres types de blessures. Il existe actuellement très peu d’études chiffrées à jour sur le taux réel de possession d’armes par les citoyens. Les mesures de contrôle des armes présentent un éventail des plus larges, qui va du renforcement des conditions d’acquisition au principe de « tolérance zéro », en passant par l’interdiction de certains types d’armement ou l’imposition de systèmes technologiques de sécurité (ex. les smart guns). En Belgique, un projet de loi tend à renforcer les conditions d’accès aux armes à feu pour les civils.
Si le contexte propre à chaque pays doit être pris en compte, ainsi que les retombées des mesures adoptées, il est en même temps souhaitable d’harmoniser, ou tout au moins de rendre cohérentes les initiatives prises dans chaque pays au niveau européen et au niveau international. A cette fin, les efforts pour aboutir à l’adoption de réglementations, telles que le Protocole des Nations unies contre la fabrication et le trafic d’armes à feu, devraient permettre de renforcer la cohésion et la coordination des Etats.
Les textes qui suivent sont les Actes de la Conférence intitulée « La disponibilité des armes à feu : quel impact sur la sécurité et la santé publique ?», qui s’est tenue à Bruxelles le 31 mai 2001. La confrontation des experts issus de plusieurs secteurs concernés par la problématique (qu’il s’agisse du domaine politique – national et européen –, judiciaire, médical, ou policier) a débouché sur un débat animé et prometteur : de telles rencontres se doivent d’être rééditées.