|
|
|
|
|
|
|
|
| | |
| Le tout premier chapitre s’intitule justement « L’administration Obama face aux défis du désarmement nucléaire », lesquels sont nombreux… Tout à fait dans le ton de ce printemps riche en réunions, la question est : mission impossible ? Entre la Corée du Nord, l’Iran, la sécurité nucléaire, le renouvellement du traité Start et enfin la révision quinquennale du Traité de Non Prolifération Nucléaire (TNP), les défis ne manquent pas. Tout naturellement, le chapitre suivant concerne le Changement de cap en politique étrangère des Etats-Unis. Cela concerne les questions reprises plus haut, l’Irak et l’Afghanistan, mais aussi les relations transatlantiques et canado-américaines.
Suivent les relations Russie-Etats-Unis qualifiées de « nouveau départ », le renouvellement de START et l’abandon du projet bouclier antimissile en Europe centre-orientale semblent aller dans ce sens. Les relations de la Russie avec ses voisins de l’étranger proche sont plus compliquées… en particulier dans le Caucase. La recomposition diplomatique et les enjeux de sécurité en Europe sont, justement, présentées comme à la croisée des chemins, mais on sent une expectative nord-américaine sur les capacités de l’Union. Prouvons le contraire. Par contre, l’Asie est dite « sous tension ». C’est un éclairage pertinent, entre-autre par le surarmement quasi-généralisé du continent. Il aurait mérité un plus grand développement, en particulier des puissances émergeantes comme l’Inde et la Chine. Pas de passage sur le Japon. Le chapitre sur le Moyen-Orient est franchement pessimiste, les promesses de changement n’étant généralement pas abouties. A nouveau, les deux géants locaux, la Turquie et l’Iran, auraient mérités de plus amples développements. La situation en Afrique Subsaharienne est dite en progrès, mais les cas étudiés ne sont pas toujours à la hauteur des nombreux défis. Quant aux Amériques latines et Caraïbes, les situations de violence, plus que de conflits, semble placer la région globalement dans le monde émergeant, ce qui est un progrès appréciable vu les décennies précédentes. On regrette l’insistance sur l’aspect négatif bien que réel des violences liées aux narcotrafics.
On regrettera aussi l’absence d’un chapitre sur le contrôle des armements et la non-prolifération, même s’il est en partie repris dans le premier chapitre. Une vision lucide, toujours modérément optimiste de la consolidation de la paix internationale. (A. R.)
| |
| | |
|
|
| | |
| Le Baron Rouge ? Antoine Allard, de Stop-War à Oxfam Jérôme Adant, éditions Couleur Livres, Charleroi, 2009, 152 pages, ISBN 978-2-87003-470-5, prix 18,00 €
Géographie et politique Sous la direction de Thierry de Montbrial et Sabine Jansen, éditions Bruylant, Bruxelles, 2008, 120 pages, ISBN 978-2-8027-2493-3, prix 25,00 €
Conflits, sécurité et coopération : Liber Amicorum Victor-Yves Ghebali. Sous la direction de Vincent Chetail, éditions Bruylant, Bruxelles, 2007, 618 pages, ISBN 978-2-8027-2396-7, prix 110,00 €
Ordre public et droit des étrangers en Europe Emmanuelle Néraudau-d’Unienville, éditions Bruylant, Bruxelles, 2006, 791 pages, ISBN 2-8027-2211-5, prix 145,00 €
Culture et relations internationales : Liber Amicorum Jean Barrea Sous la direction de Françoise Massart-Piérard, UCL - Presse Universitaires de Louvain, Louvain la Neuve, 2007, CECRI, Louvain la Neuve, 269 pages, ISBN 978-2-8746-3051-4
Deux poids, deux mesures ? L’ONU et le conflit israélo-arabe : une approche quantitative Tangy de Wilde d’Estmael & Michel Liégeois, UCL - Presse Universitaires de Louvain, Louvain la Neuve, 2006, CECRI, Louvain la Neuve, 108 pages, ISBN 2-87463-026-8
Alain Reisenfeld |
| |
| | |
|
|
|
| | |
| Le livre d’Elie Barnavi, comme plusieurs de ses précédents, est un essai sur le mode pamphlétaire, nerveux, court, efficace. Il se situe honnêtement, entre l’autisme d’une bonne partie de l’establishment israélien et l’hystérie de nombreux cercles antisionistes. Le livre exprime un certain pessimisme, un militantisme désabusé. Il a écrit en exergue : « In memoriam : le Parti travailliste israélien, le camp de la paix israélien. » Il s’articule en trois temps : le pourquoi de l’échec de la paix, la situation actuelle, les perspectives. C’est quand même un pari sur l’avenir, un éclairage de sensibilité européenne sur ce conflit.
Il commence par rappeler les prémisses dans ce qu’il appelle « La logique d’une guerre de cent ans ». Puis, dans « Oslo, une révolution gâchée » et « La paix introuvable », des formules chocs, il explique les défauts inhérents au processus israélo-palestiniens (pas de calendrier précis, pas d’arbitre extérieur, etc.) et les erreurs (ou fautes) : l’assassinat d’Itzrak Rabin par un extrémiste juif, le délitement des négociations à partir de 1996, leur échec en 2000, la seconde intifada et l’attitude ambiguë de Yasser Arafat. La situation actuelle semble bloquée mais c’est un « Nouveau Proche-Orient », dit l’auteur. Le deuxième cercle concerne les pays voisins ; ils se divisent schématiquement en deux blocs. La plupart des régimes arabes, sur la défensive, ont un intérêt tactique commun avec Israël et souhaitent la résolution rapide de la question palestinienne. L’Iran n’aurait pas de raisons objectives d’être en conflit avec l’Etat juif, sauf comme démonstration de puissance et légitimation de son régime... Le premier cercle concerne les acteurs directs. Guerre civile larvée entre Palestiniens, ou que faire avec le Hamas. Excellente question. A la perte de crédit du Fatah et de l’Autorité palestinienne, il ajouter les soutiens extérieurs du Hamas… Il pense que les islamistes ne veulent pas la paix, contrairement aux nationalistes. L’auteur a omis que l’occupant israélien a toléré le développement des islamistes, avant la première intifada, pour saper l’influence de l’OLP. Mais les Américains ont fait pire… Du côté israélien, il insiste sur la faiblesse du pouvoir gouvernemental, sur l’instabilité du système électoral, l’atomisation du paysage politique ; les deux partis historiques, les travaillistes et le Likoud représentent le quart des sièges… Ce qui laisse de la latitude à l’état-major de l’armée et au lobby des colons de Cisjordanie.
De l’extrême faiblesse décisionnelle des parties en présence, découle donc la nécessité d’une imposition de la paix par un acteur extérieur. Une fenêtre d’opportunité semble donc ouverte, entre la situation moyen-orientale, la relative détente internationale, la nouvelle administration américaine. Pour que la situation sur le terrain ne pourrisse pas plus, de crainte que l’opportunité ne se représente pas, l’auteur plaide : « Aujourd’hui ou peut-être jamais ». Selon Barnavi, tous les ingrédients d’un (re-)nouveau (du) processus de paix israélo-palestinien existent, par exemple tels qu’ils sont résumés dans les Paramètres Clinton de janvier 2001 : il suffit de les mettre en musique et d’imposer la paix. Car il est de plus en plus question de « séparer » les belligérants. Très concrètement, l’auteur nous livre, dans le passionnant passage « Sept principes d’action pour faire (enfin) la paix », un certain nombre de conseils basés sur l’expérience, ce qui n’a pas marché et ce qui fonctionne bien… Le livre se termine par une adresse (une lettre) au président Obama. Une autre option souvent évoquée, mais pas ici déplait aux Israéliens. Il s’agirait d’une négociation de paix régionale, telle qu’esquissée à la Conférence de Madrid en 1991 ; un peu sur le modèle de la Conférence pour la Sécurité et la Coopération en Europe (CSCE) entamée en 1976 à Helsinki. Avec plusieurs volets : désarmement, droits de l’homme, coopération économique.
Barnavi n’est pas un naïf et il sait aussi que la droite et les extrémistes israéliens bénéficient de divers soutiens et lobbies extérieurs, en particulier en Amérique, qui bloquent la création d’un Etat palestinien aux côtés d’Israël. Lors de la présentation de son livre à Bruxelles, il a évoqué la fondation en octobre à Washington de « J Street », un nouveau lobby démocrate américain et pro-israélien qui milite pour une paix rapide. Il appelle à la constitution d’un pilier européen. Elie Barnavi a été ambassadeur d’Israël à Paris, puis candidat aux législatives du Meretz, le parti socialiste de gauche israélien. Historien, spécialiste des guerres de religion à la Renaissance, il dirige le Musée de l’Europe à Bruxelles. Il est également l’auteur des essais « Les religions meurtrières » et « L’Europe frigide ». (Alain Reisenfeld) | |
| | |
|
|
|
|
|
|
|