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Un nouvel élan pour les relations transatlantiques ?
Les discours, les faits... et l'Iran

par Bernard Adam, Directeur du GRIP,
Federico Santopinto et Michel Wery, chargés de recherche au GRIP

Le 17 février 2005

Synthèse

1. Les visites de la Secrétaire d’Etat Condoleezza Rice et du Président Georges Bush en Europe sont-ils le signe d’un changement de politique extérieure des Etats-Unis ? De part et d’autre de l’Atlantique, il existe une volonté manifeste de rapprochement. Mais de nombreuses questions subsistent. Certains discours semblent indiquer une ouverture américaine face aux conceptions défendues par les Européens, mais d’autres confirment une certaine continuité dans la doctrine américaine. Au-delà de la rhétorique, ce seront les faits concrets qui pourront indiquer si nous assistons à un changement ou une continuité de la politique américaine.

2. Les premiers demandeurs du rapprochement sont les Etats-Unis. Malgré le succès des élections en Irak, la situation militaire sur le terrain est catastrophique. L’enlisement actuel n’avait pas été prévu par les dirigeants américains qui pensaient que les opérations militaires seraient limitées et sans trop de dommages. Après 20 mois de guerre, il y a eu 1.100 morts parmi les soldats américains, plus de 10.000 morts parmi les policiers irakiens et environ 100.000 morts au sein de la population civile. Les Américains ont besoin de leurs alliés européens parce qu’ils sont incapables militairement et financièrement d’assumer les conséquences de leur entrée en guerre en Irak. L’Irak reste le premier dossier sur lequel les Américains et une majorité de pays européens restent divisés.

3. En revanche, il semble qu’un rapprochement se dessine sur le conflit israélo-palestinien. Après quatre années d’absence – à part leur soutien à la politique du gouvernement israélien – les Etats-Unis commencent à s’impliquer dans la recherche d’une solution équilibrée. Le retour américain sur la scène israélo-palestinienne est sans doute dicté par l’évolution des réalités politiques palestiniennes (décès d’Arafat, élection du modéré Abou Mazen à la tête de l’autorité palestinienne) et israéliennes (retrait de la bande de Gaza, entrée des travaillistes au gouvernement), qui permettent d’envisager un nouveau processus de négociation.

4. Sur beaucoup d’autres dossiers, les discours récents montrent que les Etats-Unis restent peu enclin à modifier leurs positions différentes de celles de l’Union européenne. Citons notamment la Chine, Cuba, la Cour pénale internationale ou la ratification du Protocole de Kyoto.

5. La question de l’Iran sera sans doute la plus importante dans les relations euro-américaines dans les prochains mois. Face aux ambiguïtés des déclarations des responsables iraniens, soupçonnés de vouloir développer un programme nucléaire militaire, les Européens ont privilégié la voie de la négociation afin que l’Iran respecte le Traité de non-prolifération nucléaire. Les discours des responsables américains restent fort menaçants puisqu’ils n’excluent pas des opérations militaires. Il paraît peu plausible que les Américains lancent contre l’Iran une opération analogue à celle menée en Irak (les forces iraniennes sont bien équipées et les Américains n’ont pas les moyens de se lancer dans une deuxième guerre). Par contre, ils pourraient envisager de mener des bombardements ciblés sur certaines installations, soupçonnées d’être utilisées dans le programme nucléaire de l’Iran. Relevons que la plupart des opposants à l’actuel gouvernement iranien considèrent qu’une telle action militaire américaine aurait pour conséquence de renforcer le camp des conservateurs qui se présenterait comme victime d’une agression étrangère et qui pourrait renforcer sa popularité au sein de la population iranienne.

6. Les Américains donnent l’apparence de devenir moins unilatéraux dans leurs actions internationales, suite aux difficultés qu’ils rencontrent en Irak. Mais ceci ne signifie pas encore qu’ils optent pour un multilatéralisme, dans le cadre d’institutions comme les Nations Unies, à l’instar de la politique de l’Union européenne. Les Américains restent partisans d’alliances variables en fonction des lieux et des problèmes, ce qui leur permettra de garder un leadership dans les décisions. Par ailleurs, l’usage de la force reste, malgré certaines nuances dans les discours, considéré comme l’un des outils « normaux » au service de la politique extérieure des Etats-Unis. Mais le cours des événements (difficultés persistantes en Irak, ouvertures israélo-palestiniennes, succès européen en Iran), pourrait amener les Européens à faire évoluer les Etats-Unis vers une politique moins unilatéraliste et moins belliciste.
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Mise à jour : 13/12/2008


 
 
 
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