Si quelques chiffres permettent souvent, mieux que toute autre forme d’analyse, d’expliquer les grandes tendances de la politique internationale, c’est indéniablement le cas des transferts militaires des États-Unis vers la région poudrière du Moyen-Orient. Le hard power y tient en effet lieu de diplomatie, et recueille toutes les attentions… et tous les budgets.
Le Moyen-Orient s’est imposé comme préoccupation stratégique majeure pour les États-Unis, au cours du 20e siècle et quels qu’aient été le contexte géostratégique international et la perception américaine des menaces. Depuis les années 1970, la région s’illustre comme principale bénéficiaire mondiale des ventes d’armes et de l’aide militaire américaines. De la lutte contre le communisme à l’éradication de l’islamisme radical ou à la guerre globale contre le terrorisme, les différentes administrations ont toutes fait de cette région le centre névralgique de leur politique étrangère, cherchant à la «stabiliser» et y «renforcer les alliés stratégiques» en y déversant massivement de l’assistance sécuritaire.
Face à la fâcheuse tendance des États-Unis d’accorder aux instruments militaires une place prépondérante dans leur politique étrangère, le Moyen-Orient s’illustre en effet comme l’archétype par excellence de cette politique militariste, dont l’ampleur est proportionnelle à l’inefficacité. Totalement contreproductive, cette politique pyromane n’a, de plus, pas été remise en question comme elle l’aurait dû, après les événements du 11 septembre 2001. C’est ce que démontre ce rapport qui examine les transferts militaires (ventes et aide militaires) des États-Unis vers cette zone de tension – surarmée – qu’ils n’ont cessé de militariser.