Quels sont les grands défis que doit relever l’action humanitaire au cours de la prochaine décennie ?
Pour répondre à cette question, plusieurs équipes de chercheurs se sont livrés à six études de cas, en Afghanistan, au Burundi, en Colombie, au Liberia, au nord de l’Ouganda et au Soudan.
À travers des interviews et des groupes de discussions au sein des communautés locales, l’expérience du terrain et l’Analyse des perceptions, d’une part, et les informations recueillies auprès du personnel humanitaire local et au siège des organisations, ont permis de dresser une série de constats, articulés en quatre thèmes principaux, quatre « pétales » étroitement liés : l’universalité, l’impact du terrorisme et de l’antiterrorisme, la recherche de cohérence entre humanitaire et politique et la sécurité du personnel humanitaire et des bénéficiaires de son action.
Les résultats soulignent nettement que l’action humanitaire mondiale après le 11 septembre 2001 traverse une crise importante et que les interventions censées soulager les souffrances des populations les plus vulnérables ont été, pour la plupart, intégrées dans un projet politique et sécuritaire des pays du Nord.
Nos conclusions confirment que l’entreprise humanitaire est bien plus vulnérable à la manipulation par des forces politiques puissantes ; et ses travailleurs bien plus exposés et sollicités que ce qui est généralement admis.
À défaut inverser les tendances actuelles, nous assisterons à la mort d’un régime international d’aide et de protection fondé sur des principes humanitaires qui ont fait leurs preuves. Si le fossé continue de se creuser entre les besoins réels et l’aide et la protection effectivement fournies, l’humanitaire comme tentative désintéressée d’apporter un secours aux populations en danger, deviendra de plus en plus suspecte et difficile à mettre en oeuvre.
D’autres études de cas – République démocratique du Congo, Irak, Népal, Sri Lanka et Territoires palestiniens occupés – seront publiées dans un avenir proche.