Contrairement à une idée reçue, la France et le Royaume-Uni ne sont pas les seules puissances nucléaires en Europe. En effet, depuis 1954, dans le cadre de l’OTAN, les États-Unis stationnent des forces nucléaires dans plusieurs pays du continent. Reliques de la Guerre froide, ces forces devaient originellement faire face à la supériorité des troupes conventionnelles du pacte de Varsovie. De plus de 7 000 armes nucléaires tactiques, réparties dans une dizaine d’États européens au milieu des années 1970, l’arsenal n’a cessé de diminuer, à la suite de l’éclatement de l’URSS, pour parvenir au chiffre de 350 armes en 2007. Depuis le début de la décennie, la question de l’utilité de ces armements, et donc indirectement d’un possible retrait, est de plus en plus souvent évoquée.
En toute discrétion entre 2005 et 2008, les États-Unis ont dénucléarisé deux de leurs plus grandes bases européennes, Ramstein (Allemagne) et Lakenheath (Royaume-Uni). Elles abritaient au total 180 bombes nucléaires. Indéniablement, ce désarmement apporte un nouvel éclairage sur cette posture nucléaire de l’OTAN. À ce titre, les 240 bombes restantes ont sans doute définitivement perdu leur rôle militaire au profit d’un rôle politique. Les raisons de ce retrait ne se limitent pas seulement à des problèmes de sécurité dans ces bases. Non, d’autres problématiques comme l’évolution de l’Alliance atlantique, la politique de chacun des pays hôtes, le renouvellement des flottes à capacité duale, l’utilité stratégique, sans compter la pression de l’opinion publique soutenue par des organisations pacifistes, contribuent et vont contribuer à limiter ce stationnement d’armes. Désormais seuls l’Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, l’Italie et la Turquie ont sur leur territoire des armes nucléaires américaines, mais pour combien de temps encore ? Demain, l’Europe va-t-elle être une zone libre d’armes nucléaires américaines ?