L’élimination des sociétés de sécurité privées en Afghanistan est une idée fondée mais quelque peu prématurée
Ce mardi 17 août, le Président Afghan Karzai a signé un décret en vue du démantèlement de toutes les sociétés de sécurité privées (SSP) dans son pays pour la fin de l’année.
Le gouvernement afghan estime que ces entreprises ébranlent le travail des forces nationales de sécurité et souhaiterait incorporer les employés de celles-ci au sein de la police afghane. Selon de récentes estimations, 52 SSP sont enregistrées auprès du gouvernement afghan, ce qui représente 24 000 hommes en armes. Néanmoins, de nombreuses sociétés ne sont pas répertoriées et par conséquent, le contingent d’employés des SSP dans le pays serait en réalité d’environ 40 000 hommes, parmi lesquels 26 000 travaillent avec les forces américaines. Leurs principales missions consistent à protéger les convois de l’OTAN et assurer la sécurité des institutions nationales et internationales telles que les ministères et les ambassades.
Toutefois comme en Irak, ces sociétés ont une très mauvaise réputation en Afghanistan. Outre le fait que leurs employés sont généralement mal entrainés pour les missions de sécurité qui leur incombent, la majorité de la population locale ne leur fait plus confiance. Et pour cause, ils ont été impliqués dans divers incidents avec des civils et certains sont accusés de corruption, d’assassinats et d’utilisation de drogues. Toutefois, les forces de sécurité afghanes ne sont pas capables à l’heure actuelle de prendre en charge l’ensemble des besoins sécuritaires du pays. De plus, le début du retrait des troupes américaines en 2011rend d’autant plus irréaliste le démantèlement de toutes les SSP en Afghanistan d’ici l’année prochaine. Si la décision du Président Karzai est fondée, sa mise en œuvre précipitée pourrait toutefois avoir des conséquences dommageables. En effet, un employé afghan d’une société de sécurité privée gagne un salaire deux fois supérieur à celui d’un policier. Dès lors, le risque que d’anciens employés compensent la perte financière en utilisant leurs armes dans le cadre d’activités illégales est élevé. Certains pourraient également être tentés de rejoindre les talibans par opposition à la décision du gouvernement.