Le 9 juin 2010, le Conseil de sécurité des Nations Unies a adopté à une large majorité un quatrième train de sanctions à l’encontre de la République islamique d’Iran. Seuls le Brésil et la Turquie s’y sont opposés tandis que le Liban s’est abstenu. Le projet de nouvelles sanctions datait du mois de septembre 2009 mais il avait été suspendu à la suite de l’acceptation par Téhéran d’une réunion internationale sur son dossier nucléaire début octobre à Genève. Les pourparlers avaient notamment permis l’émergence d’un projet d’accord en vue d’un échange d’uranium entre le Groupe de Vienne (AIEA, États-Unis, France et Russie) et l’Iran. Le projet échoua après un revirement iranien quelques semaines plus tard.
La décision des autorités iraniennes de débuter l’enrichissement de l’uranium à 20% en février dernier a ravivé les exaspérations des États du P5+1 dont la principale revendication consiste en un arrêt de tout processus d’enrichissement nucléaire de la part de Téhéran. Malgré la conclusion d’un accord d’échange d’uranium entre le Brésil, la Turquie et l’État perse le 17 mai 2010, les P5+1 ont décidé d’envoyer un signal fort en renforçant les sanctions à l’encontre de l’Iran tant que le pays ne se conformera pas aux recommandations des résolutions précédemment adoptées par le Conseil de sécurité et l’AIEA.
Ces sanctions, à l’image de celles adoptées ces trois dernières années, ne résoudront en rien la crise actuelle et auront inévitablement pour résultat de raidir la position iranienne. Qui plus est, comment pourrait-on croire à un changement d’attitude de l’Iran alors que les deux plus importants éléments de l’économie iranienne (les marchés gazier et pétrolier, seuls susceptibles d’infléchir la position de défiance du pays) ne sont pas concernés par les sanctions?
De plus, l’adoption de ce quatrième round de sanctions, malgré l’accord conclu entre l’Iran, le Brésil et la Turquie, rappelle que ce sont toujours les cinq membres permanents du Conseil de sécurité qui posent les règles de la diplomatie internationale et non les États émergents. Un message qui sera immanquablement peu apprécié par ces derniers.