Le rôle de l’Union européenne sur la scène internationale n’est pas facile à comprendre. Sur le plan commercial ou en matière de coopération au développement, l’UE a pu se profiler comme un acteur incontournable et reconnu sur la scène mondiale. Dans un domaine plus proprement politique, toutefois, l’identité de l’Union est nettement moins bien définie. Au fil des années, les institutions européennes ont certes acquis d’importantes compétences en matière de relations étrangères, de sécurité et de défense, mais la complexité des mécanismes institutionnels qui régissent ces compétences et la règle de l’unanimité n’ont pas permis à l’Union de s’imposer sur l’arène internationale avec un rôle clairement défini.
Il en résulte ainsi un cadre plutôt confus, où l’UE apparaît et disparaît selon les dossiers traités et les humeurs des membres du Conseil européen. Kosovo, Irak, Russie, Liban, ONU, Afrique, Iran : lorsqu’elle ne s’évapore pas, l’UE se présente aux grands rendez-vous sécuritaires internationaux de manière toujours différente, avec un degré de participation et d’influence très variable.
Dans un tel contexte, il est difficile de définir ce qu’est l’UE dans le monde. Selon certains analystes, comme Hanns Maull, l’UE ne peut être considérée comme une puissance classique, car elle exerce son influence à travers ce qu’elle est et ce qu’elle représente, plutôt que à travers ce qu’elle fait . En d’autres termes, l’UE serait davantage une force passive qu’une puissance active.
Ce jugement est sans doute trop sévère. Dans certaines circonstances l’UE a su se montrer très active : c’est le cas notamment en Afrique, où son action est souvent sous-estimée par les médias et les analystes. Il n’en demeure pas moins que l’UE n’apparaît pas comme un acteur global sachant s’imposer avec cohérence et constance dans le temps. Ainsi, bien qu’exagérée, l’image de Maull a le mérite d’illustrer la nature du problème auquel l’UE fait face hors de ses frontières : elle est un acteur faible qui dispose, néanmoins, d’un « capital d’influence » considérable. La capacité d’exploiter ce « capital d’influence » représente le principal enjeu que la réforme des traités européens devait aborder dans le domaine des relations extérieures.