Plus d’une décennie de conflits incessants, des millions de victimes, un état déliquescent, une partition territoriale de fait… Devant un tableau aussi sombre, peu auraient parié, il y a cinq ans, sur la possibilité d’initier un processus de pacification régionale et de reconstruction de l’état congolais. En dépit de redoutables difficultés, depuis la signature à Sun City, le 2 avril 2003, de l’Acte final du dialogue intercongolais, le Congo n’a pourtant cessé d’avancer dans la bonne direction. Bon an mal an, avec le soutien de l’ONU et des bailleurs de fonds internationaux, les Congolais ont traversé avec succès le parcours d’obstacles qui débuta par une longue et périlleuse phase de transition pour s’achever par l’organisation des élections législatives et présidentielles en 2006. Entre-temps, une nouvelle constitution avait été adoptée qui modifiait profondément les structures de la République démocratique du Congo (RDC).
Le choix du constituant congolais en faveur d’un état fortement décentralisé constitue à cet égard une évolution décisive de l’organisation politique et administrative de la RDC. Cette orientation institutionnelle – qui transforme la RDC en un état fédéral qui ne dit pas son nom – résulte autant de considérations pragmatiques que d’un rapport de force politique entre « centralisateurs » et « décentralisateurs ».
Quoi qu’il en soit, l’état des institutions publiques congolaises interdit de raisonner en terme de réforme de l’état. La tâche à laquelle s’attèlent les acteurs politiques de la RDC consiste plutôt à la reconstruction par le bas de fonctions étatiques qui avaient, pour l’essentiel, disparu depuis longtemps. L’importance des enjeux ne laisse pas d’autre choix aux Congolais que de réussir ce défi. Certains indices laissent penser qu’une prise de conscience est en cours. Il n’en demeure pas moins que les risques sont à la hauteur des enjeux. Ce rapport s’efforce de synthétiser les uns et les autres, sans oublier de poser la question de l’adaptation des partenaires internationaux de la RDC – Belgique en tête – à la nouvelle architecture institutionnelle congolaise.