Si l’on peut généralement affirmer que l’Amérique latine n’est pas, et n’a jamais été le théâtre de guerres ou de grands conflits armés entre États, elle est pourtant la région aux niveaux de violence criminelle les plus élevés du monde. Ce problème est accentué par le narcotrafic et l’apparition de bandes organisées, en particulier en Amérique centrale, où leurs membres sont estimés à 69 0002.
Le seul conflit colombien représente non seulement un terrible bain de sang pour son propre peuple, mais constitue également un risque pour les autres pays de la région. Autre grave problème du continent, l’instabilité politique chronique s’est aggravée dans les pays andins, en particulier en Équateur et en Bolivie, où la violence menace de prendre une dimension non seulement politique mais également ethnique.
Par ailleurs, la politique des États-Unis envers la région ne semble pas faite pour apaiser les tensions. Au contraire, elle les aggrave, alternant tour à tour l’indifférence et un messianisme digne du capitaine Ahab en lutte contre le mal, la baleine blanche étant en l’occurrence tantôt la guerre, tantôt l’infiltration communiste, la drogue ou le terrorisme international. Dans le cas de l’Amérique latine, l’apparition d’Hugo Chávez a considérablement augmenté la poussée d’adrénaline que connaît la région. Si ce dernier a bien été élu démocratiquement, il adopte des pratiques autoritaires dans son pays, joue au tour de force avec les États-Unis, ne ratant pas une occasion de se réunir avec les adhérents de « l’axe du mal », distribue généreusement les pétrodollars en échange de consensus et appuie tout candidat latino-américain susceptible de le suivre dans sa révolution bolivarienne.