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DOCUMENTATION CENTRE • NEW ACQUISITIONS 2009

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Les conflits dans le monde 2008.
Rapport annuel sur les conflits internationaux

Sous la direction de Michel Fortmann et Gérard Hervouet, Institut Québécois des Hautes Etudes Internationales (HEI), Québec, Presses de l’Université Laval, Québec, 2008, 265 pages, ISBN 978-2-7637-8758-9


La 26ème édition de ce rapport annuel reste d’un excellent niveau. Il n’est plus centré sur une vision canadienne, Il élargi les faits et analyses stratégiques à d’autres critères évènementiels ou de fond intervenant dans les relations internationales. Les titres des chapitres sont révélateurs : « Entre puissance et diplomatie. Les Etats-Unis à la croisée des chemins », « La Russie et les Balkans. L’indépendance du Kosovo et la guerre d’Ossétie du Sud », « Puissance normative, réalisme et sécurité européenne », « Asie. La maîtrise des instabilités », « Le Moyen-Orient. Guerres larvées et immobilisme politique », « L’Afrique sub-saharienne. Des dynamiques encourageantes malgré les crises », « Les Amériques sous la menace du narcoterrorisme et des clivages sociaux ». L’ouvrage se termine par un chapitre transversal : « Contrôle des armements et non-prolifération en 2007-2008 » et il s’ouvre par une chapitre d’analyse globale, signé comme le précédent par Michel Fortmann et Andrey Reeves : « L’évolution des conflits dans le monde en 2007-2008. Une année de transition ». Après avoir mis en garde sur les différentes approches méthodologiques et les définitions des conflits, les auteurs estiment que les conflits armés, étatiques comme non-étatiques, ont tendance à diminuer en nombre et en létalité, alors que les victimes indirectes, difficiles à évaluer, restent nombreuses. La nature des conflits dans le monde tend à changer et leur centre de gravité se déplace de l’Afrique vers l’Asie. Une vision dite modérément optimiste. Le frein au progrès de la démocratie dans le monde semble par contre inquiétant puisque celle-ci est généralement associée à la consolidation de la paix internationale.


Le multilatéralisme, mythe ou réalité

Sous la direction de Michèle Bacot-Decriaud, éditions Bruylant, Bruxelles, 2008, coll. Etudes Stratégiques Internationales n° 5, 218 pages, ISBN 978-2-8027-2554-1, 35,00 €
Face aux principales menaces qui pèsent sur la sécurité du monde – dangers socio-économiques et environnementaux, conflits inter-étatiques de type classique, conflits intra-étatiques, érosion du régime de non-prolifération, terrorisme et crime organisé – on peut se demander si le multilatéralisme est susceptible de limiter et d’organiser l’exercice de la souveraineté des Etats au sein de cadres juridiques communs, et s’il peut transformer le mode d’expression des rapports de puissance. Dans le monde actuel, souvent décrit comme multipolaire, si les échanges économiques se réfèrent à des instances multilatérales, OMC ou FMI, les relations inter-étatiques tendent à s’organiser au sein d’instances régionales, puis inter-régionales, comme en Europe, en Asie du Sud-Est, en Amérique du Sud.
Les contributions réunies dans cet ouvrage interrogent le multilatéralisme comme mot et comme concept, étudient sa place dans les institutions internationales, sa perception et sa pratique. Les auteurs sont des chercheurs canadiens et français, juristes, politistes et économistes. Ce volume s’inscrit d’ailleurs dans la collection de l’Association France-Canada d’Etudes Stratégiques. La première partie de cet ouvrage s’intitule « Multilatéralisme et institutions internationales », avec des articles sur l’Acte final d’Helsinki du 1er août 1975 et le mulitlatéralisme 30 ans après, la coopération ONU / UE en matière de maintien de la paix, les Etats-Unis et la Cour Pénale Internationale, la politique de partenariats de l’OTAN, le monde arabo-musulman avec le cas du D-8. La troisième partie s’intitule « Multilatéralisme et sécurité des Etats », avec quatre articles, sur l’Europe centrale, sur l’Asie centrale, sur l’Amérique de Bush I et II, sur le Canada.
La seconde des trois parties de l’ouvrage, « Multilatéralisme, armement et désarmement », confiée à deux chercheurs français, nous intéresse tout particulièrement. Jean-François Guilhaudis, du CECISE de Grenoble, redéfinit le concept de multilatéralisme en matière de sécurité collective, en particulier au sein de l’ONU, insistant sur les avancées, entre-autres celle proposée en 1978 par la France. Il retrace l’évolution des relations internationales en ce sens, depuis la deuxième guerre mondiale jusqu’en 2006, délimite des périodes tendancielles. Guilhaudis relativise les concepts, en expliquant par exemple que les traités de désarmement bilatéraux USA / URSS des années 70 et 80 étaient des actions pour le bien commun de l’humanité mais que par ailleurs, l’action multilatérale existait au-delà du poids des blocs. Concernant la période commencée au début des années 2000, il a cette formule : « le multilatéralisme est en crise mais il n’est pas mort ». Cette crise est illustrée, par exemple, par l’échec en 2005 de la conférence de révision du Traité de Non-Prolifération Nucléaire (TNP). Jean-Paul Hébert, du CIPRES de Paris, aborde plus ou moins les mêmes matières mais d’un point de vue plus technique, avec son article « Multilatéralisme et production et transferts d’armements », se recentrant plutôt sur les années 2000 à 2006. Hébert est plus pessimiste sur les évolutions, nombreuses données à l’appui, s’interroge sur les variations de chiffres et d’analyses dans les transferts d’armes selon les différents intérêts, sur la bonne fois des différents acteurs. Sa conclusion est parlante : « le multilatéralisme, un mythe mobilisateur. »


Les banlieues de l’Europe.
Les politiques de voisinage de l’Union Européenne


Sous la direction de Jacques Rupnik, Presses de Sciences Po, Paris, 2007, coll. Nouveaux Débats, 203 pages, ISBN 978-2-746-1044-4, prix 12,00 €
Dans la langue française des Français de France, le terme « banlieue » a une connotation péjorative : c’est manifestement une provocation sémantique pour attirer l’attention sur une contradiction européenne, selon les auteurs. Les politiques européennes de voisinage (PEV) s’appliquent à des zones diverses, pays de la rive sud de la Méditerranée, des Balkans occidentaux, de l’ancienne URSS… Elles ont été mises en place dans la perspective du grand élargissement de l’Union vers l’Est, en 2004 et en 2007. En effet, la phase actuelle de construction européenne serait à l’intégration, selon la réunion du Conseil des 15 et 16 juin 2006, dans la foulée de celle de juin 1993 qui formulait alors « l’assimilation ».
L’Union européenne fait donc face à la double contrainte de stabiliser ses périphéries et d’éviter l’inclusion comme seule finalité de ses relations avec ses nouveaux voisins. Les PEV sont donc souvent des accords d’associations conditionnels à géométrie variable, voir le document European Neighbourhood Policy Strategy Paper du 12 mai 2004. Pour les voisins du Sud, des partenariats renforcés selon les normes MEDA / processus de Barcelone, et la récente Union pour la Méditerranée. Pour les pays d’ex-Yougoslavie, c’est le Processus de stabilisation et d’association, antichambre de l’adhésion. Pour les pays du « proche étranger », à l’Est, ce sont d’autres formes de partenariat et d’association (programme TACIS, etc.), bien que la Russie préfère négocier bilatéralement en partenariat de coopération avec l’UE. Dans ces PEV, la Turquie se trouve dans une posture unique…
Quant aux conditions de partenariat entre le centre et ses périphéries, elles sont de trois ordres, interdépendantes mais à importances variables : la sécurité, avec l’UE comme pourvoyeur de stabilité ; les réformes économiques, selon la « puissance normative » européenne ; la géopolitique de la démocratisation ou encore les « valeurs européennes ». Selon Jacques Rupnick, l’approche de l’Union serait dans un impérialisme du type du soft power défini par Joseph Nye…. C’est à mettre en parallèle avec l’arrêt de l’élargissement de l’OTAN en 2008. Un chapitre spécifique du livre couvre les Balkans, un autre la Méditerranée. D’autres sont consacrés à un pays : l’Ukraine, la Moldavie, la Géorgie et la Turquie. Cependant, les politiques de voisinage avec la Russie ou la Biélorussie ne sont pas analysées spécifiquement.


Artisanal Diamond Mining. Perspectives and Challenges

Edited by Koen Vlassenroot & Steve Van Bockstael, Egmont Institute, Brussels, Academia Press, Gent, 2008, 288 pages, ISBN 978-90-382-1351-4
Plus que ceux d’autres matières premières, le trafic des diamants a été utilisé, surtout en Afrique, pour financer des guerres. De plus, l’extraction diamantifère artisanale, minière ou alluviale, dans des zones de non-droit a été systématiquement une régression inhumaine du travail. Le Kimberley Process Certification Scheme (KPCS) signé en 2002, a été édifié pour garantir que le commerce des diamants entre les pays signataire se base sur des diamants vendus légitimement, non entachés par les conflits ou la corruption. Plusieurs villes européennes ont fondé leur prospérité sur le commerce et l’industrie des pierres précieuses tandis que de trop nombreux régimes ou organisations oppositionnelles des pays producteurs ont détourné la rente des matières premières du bien public. Le ralliement massif de la filière diamantaire mondiale au « Processus de Kimberley » marque une prise de conscience de cette dégradation et le rejet dans l’opinion internationale des « diamants du sang. » Malheureusement, il subsiste encore de nombreux exemples de ces exploitations et trafics, ce qui reflètent aussi la diversité complexe de ces petites productions. Certains auteurs décrivent des situations locales ou nationales tandis que d’autres présentent des approches plus théoriques. Cette problématique n’est bien sûr pas abstraite de l’ensemble du développement économique durable et des processus de résolution de conflits et de reconstruction. L’ouvrage, à la présentation élégante, bien utile pour comprendre les enjeux, est dirigé par deux chercheurs belges : l’un est professeur à l’Université de Gand et l’autre attaché à l’Egmont Institute de Bruxelles. Sa publication est soutenue par le ministère fédéral belge des Affaires étrangères et par le département britannique du développement international.



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