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Un accord sur l’échange de l’uranium iranien :
une nouvelle chance à la diplomatie ?

A l’issue d’un sommet qualifié par les Etats-Unis de la dernière chance, les dirigeants brésilien, iranien et turc ont conclu un accord sur un échange de 1200 kg d’uranium faiblement enrichi (3,5%) ce lundi matin. En contre partie, l’Iran recevra de l’uranium hautement enrichi (20%) qui sera utilisé dans le réacteur de recherches médicales installé à Téhéran. L’échange devrait avoir lieu sur le sol turc et sera supervisé par l’Agence internationale de l’énergie atomique.
Si cet accord devait réellement se concrétiser, nous pourrions alors présager un début de réchauffement dans la relation entre les Etats du P5+1 * et Téhéran. Toutefois, il convient de rester prudent étant donné les attitudes souvent versatiles des autorités iraniennes dans ce dossier. En octobre dernier, le Président Ahmadinejad avait feint d’accepter un accord semblable à celui signé ce matin avant de se rétracter quelques jours plus tard. Les iraniens avaient affirmé ne plus vouloir transférer leur uranium mais plutôt l’acheter à des pays étrangers. Cette proposition avait été jugée inacceptable par les Etats-Unis et la France. Les pays occidentaux avaient également rejeté l’idée d’un échange simultané de quantités d’uranium faiblement et hautement enrichi, préférant un traitement de l’uranium iranien en Russie et en France. Dès lors, la question est de savoir si ces Etats accepteront cette fois-ci l’option de l’échange plutôt que de la transformation d’uranium. De plus, l’annonce par l’Iran de la poursuite de l’enrichissement d’uranium à 20% quelques heures après la signature de l’accord de ce matin pose la question de la volonté réelle de Téhéran de calmer la situation. D’après un diplomate occidental cité par le New-York Times, les 1 200 kg d’uranium ne représenteraient pas 80% du stock total de l’Iran comme l’ont annoncé les autorités du pays, mais un peu plus de la moitié.

La conclusion de cet accord pourrait remettre en question la tentative des Etats-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne d’infliger de nouvelles sanctions à Téhéran. Malgré les doutes autour de la sincérité des autorités iraniennes, la Chine et la Russie pourraient décider de ne plus appuyer une nouvelle résolution du Conseil de sécurité en ce sens, donnant de la sorte une nouvelle chance à la diplomatie. Cet accord met également en lumière le rôle de plus en plus grand que les pays émergeants prennent dans le jeu de la diplomatie internationale en lieu et place parfois des grandes puissances.

* P5+1 : Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Russie + Allemagne

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